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Charlotte

Mon futur atelier en paille. Chapitre 2 : comment ?

Ça y est, le compte à rebours est lancé! Je quitte l'Atelier des Savoir-Faire dans 2 mois! Ça nous fait donc un chrono officiel à respecter.


Mais l'objet de cet article est de vous décrire les matériaux utilisés et les techniques employées. Attirés par la construction en paille, nous avions pensé notre future maison ainsi en 2019 et puis finalement ce projet était tombé à l'eau. Deux années plus tard, quelques visites de maisons en paille du coin à notre actif plus les conseils glanés chez leurs autoconstructeurs et l’identification des fournisseurs déjà effectuée, nous avons démarré ce projet d'atelier avec hâte! Finis les plans qui tombent à l'eau, celui-là allait vraiment prendre forme et ça nous excitait tout en nous donnant le vertige! "Va-t-on vraiment savoir faire?!"



Donc en mai dernier, on est partis d'un petit hangar d'une soixantaine de mètres carrés fait de 6 IPN, une belle charpente métallique et un toit en taule, orienté sud, à l'extrémité de la parcelle que nous avons acheté. A l'autre bout, la maison d'habitation, de quoi me faire un petit sas maison/travail de quelques pas... Entre les deux, le ruisseau, frontière entre la commune de Ravilloles (où se trouvera donc Kahobas) et Saint Lupicin où se situe notre maison.


A noter que nous avons TOUT réalisé nous-même (avec famille et amis), à l'exception du béton de ciment pour la semelle et la dalle que nous avons fait préparer et transporter par une entreprise du coin.


La dalle

Une fois tamisée et aplanie la terre battue qui jonchait le sol, nous avons tassé 2 cm de sable concassé à la dameuse. Ensuite Papa et Colin ont réalisé le coffrage pour couler la semelle en béton de ciment. Nous avons ensuite posé 8 cm de plaques de liège du Portugal pour isoler la dalle en béton elle aussi d'une épaisseur de 8 cm qui a été coulée de dessus. Les câbles électriques se trouvant entre les deux couches. À l'heure actuelle, nous n'avons rien fait de plus sur la dalle mais pour la lisser et lui donner une jolie finition qui facilitera aussi le balayage des chutes de tissu, on nous a donné l'idée de l'enduire d'huile dure.


L'ossature bois

De bas en haut, l'ossature est composée d'une lisse basse, de montants, d'une lisse haute et d'une poutre. On a ajusté les mesures aux bottes de pailles qui sont insérées debout entre les montants et on a boulonné les poutres sur les IPN métalliques déjà existants. Colin voulant à tout prix éviter des poteaux à l'intérieur de l'atelier pour ne pas me contraindre dans ma circulation dans l'atelier et avoir un espace le plus "libre" possible, a reçu le bon conseil de faire des poutres en I d'une portée de 7 mètres, la largeur de l'atelier. Poutres à l'intérieur desquelles sont placées (que dis-je coincées, bourrées, enfoncées avec énormément de sueur et de cris, si si) des bottes de pailles afin d'avoir une isolation parfaite au plafond. On a donc ici 3 matériaux essentiels :

  • bois mort sec sur pied du Jura (autrement dit du chablis), de Lavans lès Saint-Claude plus exactement, à 5 kms de chez nous, scié par un copain qui s'est fait une scierie mobile mais aussi par Colin qui l'a bien aidé à ébrancher, écorcer et tringballer les troncs, puis les couper et les scier... Oui, il a aussi fait tout ça!

  • de l'OSB pour l'âme des poutres en I, pas tout propre donc... et cher vu l'augmentation des prix des matériaux ces temps-ci

  • des litres d'huiles de coude pour faire tout ca et surtout pour monter, parfois seul, les 19 poutres en I de 7 m avec une poulie


Les murs en paille et ouvertures

Pour isoler murs et plafond, nous avons fait venir 340 bottes de pailles de 25 kg chacune soit 8.5 tonnes fin juillet du Doubs (département limitrophe). Comme nous ne manquons pas d'hangars, la paille y a été bien rangée et entreposée dessous. Nous avons été livrés en étant prévenu à peine 48h à l'avance alors j'vous raconte pas le branle bas de combat pour réquisitionner les copains libres par un vendredi après-midi à 14h en pleine chaleur. N'ayant pas participé à cette aventure très chaleureuse car retenue par l'animation d'un stage à l'Atelier des Savoir-Faire, je ne mesure pas l’épreuve de force que ça a été mais je remercie chacune et chacun pour cette mission!


Pour les fenêtres et portes-fenêtres, nous les avons récupérées ou achetées d'occasion et dimensionné l'ossature en fonction. Elles composeront presque toute la façade sud afin d'avoir un max de lumière et de chaleur. Histoire de pouvoir aérer l'atelier, il y aura une fenêtre à l'est et une au nord.



Enduit en terre crue à l'intérieur et à l'extérieur

Économique et écologique, on a aussi choisi l'enduit en terre crue parce qu'elle régule l'humidité d'une pièce et qu'elle est un matériau à forte inertie thermique. Non négligeable: elle confère à la pièce une atmosphère très agréable, assez douce et enveloppante. Bref, elle coche toutes les cases. Locale et en abondance, elle requiert quand même pas mal d'huile de coude mais il faut croire qu'on en a en stock! Pour notre part, on en a trouvé chez nos voisins et à 10 km d'ici. Il faut ensuite la décompacter, la faire tremper et la tamiser. On va donc enduire la paille intérieure de 5 cm de mélange terre/sable/paille. Bon, la fausse note dans l'histoire c'est le recours au sable, une filière bien moins écologique que la terre "du fond du jardin"... Et puis la bonne idée de Colin est de l'enduire aussi à l'extérieur pour éviter d'avoir à mettre de l'OSB (cher et dégueu) mais d'assurer quand même une certaine étanchéité à l'air du bâtiment et un rempart contre les petites bêtes. Nous voilà donc partis pour 2 chantiers terre au lieu d'un seul prévu initialement. Consolons-nous en nous disant qu'on dépassera moins le budget déjà dépassé et qu'on pourra se faire la main pour pouvoir faire un joli enduit à l'intérieur!


Bardage extérieur en bois brûlé

La méthode japonaise Shou Sugi Ban, vous connaissez? Si non, vous avez déjà dû apercevoir des façades faites ainsi. C’est la méthode japonaise que nous allons utiliser pour réaliser le bardage extérieur de l’atelier. Du bois brûlé ! Suggérée par le copain Maxime, il a fait les premiers tests et ça rend beau. Idem, bois local et huile de coude. On utilisera un brûleur fabriqué dans une bouteille de gaz coupée et on brûlera trois planches à la fois avant de les brosser et huiler.



Je termine ici ma description et m'en vais faire de nouveaux test de terre puis couper du tissu pour la prod de Noël (oui oui déjà!) pendant que Colin et Achille sont quelques jours en famille. Je n'ai pas parlé de toute l'aide, des prêts et des conseils qui nous ont été donnés. De cette énergie phénoménale qui nous entoure et nous porte. En effet, j'en ai trop à dire là-dessus alors ceci fera l'objet d'un prochain article de blog.


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